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Nicolas Bouvier

Nicolas Bouvier
Voyages au Japon (1955-1970)

Centre d’art La Fenêtre
Montpellier, France
11 avril – 30 mai 2015
Commissaire d’exposition : Christine Cibert & Alice Renault

Projection du film « Le hibou et la baleine » de Patricia Plattner
Performance de danse butoh par Mâ Thévenin
Projection du film « Le mime Hijikata » 
Rencontre sur l’héritage littéraire de Nicolas Bouvier et les nouveaux voyageurs
Ateliers d’écriture autour de l’exposition
Sélection de photographies et interview de Alain Villeminot lors de son voyage au Japon en compagnie de Nicolas Bouvier en 1956

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Nicolas Bouvier (1929-1998) était un écrivain, photographe, iconographe, musicien, conteur, journaliste, conférencier, scénariste, documentariste, commissaire d’exposition et voyageur suisse, originaire de Genève. Son œuvre littéraire, traduite dans de nombreuses langues étrangères, est aujourd’hui considérée comme majeure, avec notamment L’usage du monde, publié à compte d’auteur en 1963, qui a contribué à redéfinir la littérature de voyage au 20e siècle et demeure une référence pour bon nombre de voyageurs et d’écrivains. Son style détaillé, poétique et imagé est né de sa contemplation lors de ses multiples pérégrinations à travers le monde.

C’est à Tokyo dans les années 50 que Nicolas Bouvier devient photographe pour « survivre », se prenant vite au jeu, captant tous les sujets de la culture populaire nippone. Portraitiste sensible, aujourd’hui encore plus célèbre pour ses textes que pour ses clichés, Nicolas Bouvier aura pourtant été autant un homme d’images que de mots, ce qu’il restera jusqu’à la fin de sa vie.

L’exposition « Voyages au Japon » relate de ses deux longs séjours (1955-56 et 1964-66). Une sélection de ses photographies en noir et blanc résonne en écho avec des extraits de ses textes au sujet du pays du Soleil Levant, parus dans Japon (1967), Chronique japonaise (1975) et Le vide et le plein (2004). Exposition inédite sur ce thème et dans ce format, elle a d’abord été créée en collaboration avec le Musée de l’Élysée de Lausanne pour le festival Kyotographie en 2013 puis présentée sur le stand du Japon au Salon du Livre à Genève en 2014 dans le cadre du 150e anniversaire des relations diplomatique entre la Suisse et le Japon et au festival Confrontations Photo à Gex.

Cette exposition a pour but de faire découvrir une œuvre photographique de qualité mais encore relativement méconnue et qui mérite de sortir de l’ombre pour être enfin appréciée à sa juste valeur. L’exposition invite au voyage à travers des images et des textes témoignant d’un Japon typique mais néanmoins révolu.

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Nicolas Bouvier (1929-1998) était un écrivain, photographe, iconographe, musicien, conteur, journaliste, conférencier, scénariste, documentariste, commissaire d’exposition et voyageur suisse, originaire de Genève. Son œuvre littéraire, traduite dans de nombreuses langues étrangères, est aujourd’hui considérée comme majeure, avec notamment L’usage du monde, publié à compte d’auteur en 1963, qui a contribué à redéfinir la littérature de voyage au 20e siècle et demeure une référence pour bon nombre de voyageurs et d’écrivains. Son style détaillé, poétique et imagé est né de sa contemplation lors de ses multiples pérégrinations à travers le monde.

C’est à Tokyo dans les années 50 que Nicolas Bouvier devient photographe pour « survivre », se prenant vite au jeu, captant tous les sujets de la culture populaire nippone. Portraitiste sensible, aujourd’hui encore plus célèbre pour ses textes que pour ses clichés, Nicolas Bouvier aura pourtant été autant un homme d’images que de mots, ce qu’il restera jusqu’à la fin de sa vie.

L’exposition « Voyages au Japon » relate de ses deux longs séjours (1955-56 et 1964-66). Une sélection de ses photographies en noir et blanc résonne en écho avec des extraits de ses textes au sujet du pays du Soleil Levant, parus dans Japon (1967), Chronique japonaise (1975) et Le vide et le plein (2004). Exposition inédite sur ce thème et dans ce format, elle a d’abord été créée en collaboration avec le Musée de l’Élysée de Lausanne pour le festival Kyotographie en 2013 puis présentée sur le stand du Japon au Salon du Livre à Genève en 2014 dans le cadre du 150e anniversaire des relations diplomatique entre la Suisse et le Japon et au festival Confrontations Photo à Gex.

Cette exposition a pour but de faire découvrir une œuvre photographique de qualité mais encore relativement méconnue et qui mérite de sortir de l’ombre pour être enfin appréciée à sa juste valeur. L’exposition invite au voyage à travers des images et des textes témoignant d’un Japon typique mais néanmoins révolu.

Confrontations Photo

Espace Perdtemps
Gex, France
3 – 5 octobre 2014
Commissaire d’exposition

1) Pourriez-vous nous présenter Nicolas Bouvier, écrivain – photographe – voyageur

Nicolas Bouvier (1929-1998) était un écrivain, photographe, iconographe et voyageur suisse, originaire de Genève. Son œuvre littéraire, traduite dans de nombreuses langues étrangères, est aujourd’hui considérée comme majeure, avec notamment L’Usage du monde, publié à compte d’auteur en 1963, qui a contribué à redéfinir la littérature de voyage au 20e siècle et demeure une référence pour bon nombre de voyageurs et d’écrivains. Son style détaillé, poétique et imagé est né de sa contemplation lors de ses multiples pérégrinations à travers le monde.

C’est à Tokyo dans les années 50 que Nicolas Bouvier devient photographe pour « survivre », se prenant vite au jeu, captant tous les sujets de la culture populaire nippone. Portraitiste sensible, aujourd’hui encore plus célèbre pour ses textes que pour ses clichés, Nicolas Bouvier aura pourtant été autant un homme d’images que de mots, ce qu’il restera jusqu’à la fin de sa vie.

2) Pourriez-vous nous parler de l’exposition « Nicolas Bouvier – le Japon » ? (livre, genèse, contenu)

L’exposition « Nicolas Bouvier et le Japon » relate des deux longs séjours (1955-56 et 1964-66) du célèbre écrivain photographe voyageur genevois. Une sélection de ses photographies en noir et blanc résonnent en écho avec des extraits de ses textes au sujet du pays du Soleil Levant, parus dans Japon (1967), Chronique japonaise  (1975) et Le vide et le plein  (2004). Exposition inédite sur ce thème et dans ce format, elle a d’abord été créée en collaboration avec le Musée de l’Elysée de Lausanne pour le festival Kyotographie en 2013 puis présentée sur le stand du Japon au Salon du Livre à Genève en 2014 dans le cadre du 150ème anniversaire des relations diplomatique entre la Suisse et le Japon.

3) Qu’aimeriez-vous transmettre au public à travers cette exposition, en particulier aux centaines d’enfants qui passerons au festival des Confrontations Photo ?

Cette exposition a pour but de faire découvrir une œuvre photographique de qualité mais encore relativement méconnue et qui mérite de sortir de l’ombre pour être enfin appréciée à sa juste valeur. L’exposition invite au voyage à travers des images et des textes témoignant d’un Japon typique mais néanmoins révolu.

4) Qu’évoque pour vous l’idée de « confrontation photographique » ?

Une mise en regard, un échange de points de vues et d’expériences, un dialogue d’idées sur une moisson d’images, différente à chaque édition.

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1) Pourriez-vous nous présenter Nicolas Bouvier, écrivain – photographe – voyageur

Nicolas Bouvier (1929-1998) était un écrivain, photographe, iconographe et voyageur suisse, originaire de Genève. Son œuvre littéraire, traduite dans de nombreuses langues étrangères, est aujourd’hui considérée comme majeure, avec notamment L’Usage du monde, publié à compte d’auteur en 1963, qui a contribué à redéfinir la littérature de voyage au 20e siècle et demeure une référence pour bon nombre de voyageurs et d’écrivains. Son style détaillé, poétique et imagé est né de sa contemplation lors de ses multiples pérégrinations à travers le monde.

C’est à Tokyo dans les années 50 que Nicolas Bouvier devient photographe pour « survivre », se prenant vite au jeu, captant tous les sujets de la culture populaire nippone. Portraitiste sensible, aujourd’hui encore plus célèbre pour ses textes que pour ses clichés, Nicolas Bouvier aura pourtant été autant un homme d’images que de mots, ce qu’il restera jusqu’à la fin de sa vie.

2) Pourriez-vous nous parler de l’exposition « Nicolas Bouvier – le Japon » ? (livre, genèse, contenu)

L’exposition « Nicolas Bouvier et le Japon » relate des deux longs séjours (1955-56 et 1964-66) du célèbre écrivain photographe voyageur genevois. Une sélection de ses photographies en noir et blanc résonnent en écho avec des extraits de ses textes au sujet du pays du Soleil Levant, parus dans Japon (1967), Chronique japonaise  (1975) et Le vide et le plein  (2004). Exposition inédite sur ce thème et dans ce format, elle a d’abord été créée en collaboration avec le Musée de l’Elysée de Lausanne pour le festival Kyotographie en 2013 puis présentée sur le stand du Japon au Salon du Livre à Genève en 2014 dans le cadre du 150ème anniversaire des relations diplomatique entre la Suisse et le Japon.

3) Qu’aimeriez-vous transmettre au public à travers cette exposition, en particulier aux centaines d’enfants qui passerons au festival des Confrontations Photo ?

Cette exposition a pour but de faire découvrir une œuvre photographique de qualité mais encore relativement méconnue et qui mérite de sortir de l’ombre pour être enfin appréciée à sa juste valeur. L’exposition invite au voyage à travers des images et des textes témoignant d’un Japon typique mais néanmoins révolu.

4) Qu’évoque pour vous l’idée de « confrontation photographique » ?

Une mise en regard, un échange de points de vues et d’expériences, un dialogue d’idées sur une moisson d’images, différente à chaque édition.

Le Japon
d’Eliane et Nicolas Bouvier

Salon du livre
Genève, Suisse
30 avril – 4 mai 2014
Commissaire d’exposition

150eme anniversaire des relations diplomatiques entre la Suisse et le Japon

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« Par temps calme, parmi les minces fumées d’encens, on en entend monter les glapissements du Kamishibai San (Monsieur Théâtre- en-Papier) en train d’ensorceler sa clientèle enfantine. Dans une caisse fixée sur son vélo, il insère une douzaine d’images de carton et les retire à mesure pour illustrer l’histoire qu’il psalmodie d’une invraisemblable voix rotée, tantôt plaintive et tantôt menaçante. (…) Quand l’assistance est réunie, l’homme théâtre interrompt son récit et vend des bracelets à cinq yens. Les jours de grande forme, avec une légende toute fraîche, il en gagne deux cents et va aussitôt s’enivrer : le métier assoiffe, et la concurrence de la télévision lui donne du souci. »

“When it’s quite, through a thin cloud of incense, you can better, you can hear the yapping of Kamishibai san (Mr Theatre-in-Paper) entran- cing his audience of children. He inserts a dozen cardboard images into the box attached to his bicycle, then pulls them out one at a time to illustrate the story that he chants in an unbelievably rough voice – now plaintive now menacing. (…) When a big crowd is gathered, the one-man theatre interrupts his story and sells waffles at five yen a piece. On good days, with a fresh tale, he makes a quick two hundred and just as quickly goes to get drunk: the job makes him thirsty, and the competition of television worries him.”

「 穏 や か な 天 気 の 日 、か す か な 香 の 匂 い に 混 し っ て 、 カミシバイヤサンが子供の客を集めようとして甲高い 声を張り上げているのが聞こえてくる。自転車の荷 台に備えつけたケースには厚紙に描かれた十数枚の 絵が入っていて、恨みがましいような、脅かすような、 奇 怪 な 声 て 物 語 を 聞 か せ な か ら 、そ れ に 合 わ せ て 一枚一枚絵を抜き出していくのだ。観客が集まってく ると、紙芝居屋は物語を中断し、5円のブレスレットを 売 る 。体 調 か よ く て 、ま た 物 語 に 新 鮮 味 か あ る う ち は、日に200円くらいの儲けになるが、上がりはすぐ に酒に変わってしまう。そもそも喉が渇く仕事だし、 テレビという強敵が現れたので不安なのだ。」

« Quand les choses tournent mal, plutôt que de trop attendre des gens il faut aiguiser ses rapports avec les choses : c’est un simple mur qui m’a tiré d’affaire. (…) Le long de la ligne du tram 7, dans le quartier d’Azabu (…) relevant les yeux, je l’ai vu : un long mur de béton que les moisissures de l’été et des champignons de salpêtre festonnaient comme un rideau de théâtre. Sur toute la longueur du « décor », le trottoir providentiellement surélevé formait une sorte de scène, et tous ceux qui y passaient étaient bon gré mal gré transformés en « caractères », amplifiés comme en écho, projetés dans le comique ou dans l’imaginaire. »

“When things turn bad, rather than expecting too much from people, one must sharpen one’s relations with things. (…) The length of tram line seven, in the Azabu quarter (…) raising my eyes, I saw: a long, stone wall festooned like a theatre curtain by the summer mould and saltpeter fungus. For the length of this ‘set’, the pavement is raised, providentially forming a kind of stage, and all who passed by it were, for better or worse, transformed into ‘characters’, amplified like an echo, projected on the comic or the imaginary.”

「 物 事 か 悪 い ほ う へ 向 か っ て い る と き に は 、人 に 過 大な期待を寄せるより、事物との関係を研ぎすませ たほうがいい。私を窮地から救いだしてくれたのは、 ただの壁だった。麻布界隈を走る都電7号線沿いを 歩いていた途中、ひと休みしようと腰を下ろし、ふと 目を上げると、そこに壁があった。それは夏の黴と表 面に吹きだしている硝酸塩が劇場の垂れ幕のように 波 紋 を 描 い て い る コ ン ク リ ー ト の 壁 たった。この

「舞台装置」に沿った歩道はおあつらえむきの ステージのように一段高くなっているので、通りがか りの人々はいやおうなく「劇中人物」と化し、テレビ画 面のゴーストのように二重映しになって、芝居か夢の なかの場面のように見えてくるのだった。」

« Japon : pays de toutes les nuances du bois, de la mousse, du thé amer et de ces grosses flûtes de bambou dans lesquelles on engouffre l’air par litres pour obtenir cette note basse et tremblante d’une mélancolie qui en dit long sur le pays. »

“Japan: a country of nuances, of wood, moss, bitter tea and big flutes of bamboo, where passing air results in a low and trembling note of a melancholy, which says a lot about this country.”

「 日 本 は あ ら ゆ る も の に 陰 影 の あ る 国 た 。林 、苔 、 苦い茶から、この国について雄弁に物語る、低くわびし さにふるえる音を出すために、一リットルもの息を吹 き込む、竹でできた巨大な筒笛に至るまで。」

Nicolas Bouvier, Chronique japonaise, Petite Bibliothèque Payot, 1989
Traduction en japonais par Kei Takahashi, Nihon no genzô wo motomete, Sôshisha, 1994
Traduction en anglais par A. Dickerson, The Japanese Chronicles, Elend Publishing, Ltd., 2008

« Par temps calme, parmi les minces fumées d’encens, on en entend monter les glapissements du Kamishibai San (Monsieur Théâtre- en-Papier) en train d’ensorceler sa clientèle enfantine. Dans une caisse fixée sur son vélo, il insère une douzaine d’images de carton et les retire à mesure pour illustrer l’histoire qu’il psalmodie d’une invraisemblable voix rotée, tantôt plaintive et tantôt menaçante. (…) Quand l’assistance est réunie, l’homme théâtre interrompt son récit et vend des bracelets à cinq yens. Les jours de grande forme, avec une légende toute fraîche, il en gagne deux cents et va aussitôt s’enivrer : le métier assoiffe, et la concurrence de la télévision lui donne du souci. »

“When it’s quite, through a thin cloud of incense, you can better, you can hear the yapping of Kamishibai san (Mr Theatre-in-Paper) entran- cing his audience of children. He inserts a dozen cardboard images into the box attached to his bicycle, then pulls them out one at a time to illustrate the story that he chants in an unbelievably rough voice – now plaintive now menacing. (…) When a big crowd is gathered, the one-man theatre interrupts his story and sells waffles at five yen a piece. On good days, with a fresh tale, he makes a quick two hundred and just as quickly goes to get drunk: the job makes him thirsty, and the competition of television worries him.”

「 穏 や か な 天 気 の 日 、か す か な 香 の 匂 い に 混 し っ て 、 カミシバイヤサンが子供の客を集めようとして甲高い 声を張り上げているのが聞こえてくる。自転車の荷 台に備えつけたケースには厚紙に描かれた十数枚の 絵が入っていて、恨みがましいような、脅かすような、 奇 怪 な 声 て 物 語 を 聞 か せ な か ら 、そ れ に 合 わ せ て 一枚一枚絵を抜き出していくのだ。観客が集まってく ると、紙芝居屋は物語を中断し、5円のブレスレットを 売 る 。体 調 か よ く て 、ま た 物 語 に 新 鮮 味 か あ る う ち は、日に200円くらいの儲けになるが、上がりはすぐ に酒に変わってしまう。そもそも喉が渇く仕事だし、 テレビという強敵が現れたので不安なのだ。」

« Quand les choses tournent mal, plutôt que de trop attendre des gens il faut aiguiser ses rapports avec les choses : c’est un simple mur qui m’a tiré d’affaire. (…) Le long de la ligne du tram 7, dans le quartier d’Azabu (…) relevant les yeux, je l’ai vu : un long mur de béton que les moisissures de l’été et des champignons de salpêtre festonnaient comme un rideau de théâtre. Sur toute la longueur du « décor », le trottoir providentiellement surélevé formait une sorte de scène, et tous ceux qui y passaient étaient bon gré mal gré transformés en « caractères », amplifiés comme en écho, projetés dans le comique ou dans l’imaginaire. »

“When things turn bad, rather than expecting too much from people, one must sharpen one’s relations with things. (…) The length of tram line seven, in the Azabu quarter (…) raising my eyes, I saw: a long, stone wall festooned like a theatre curtain by the summer mould and saltpeter fungus. For the length of this ‘set’, the pavement is raised, providentially forming a kind of stage, and all who passed by it were, for better or worse, transformed into ‘characters’, amplified like an echo, projected on the comic or the imaginary.”

「 物 事 か 悪 い ほ う へ 向 か っ て い る と き に は 、人 に 過 大な期待を寄せるより、事物との関係を研ぎすませ たほうがいい。私を窮地から救いだしてくれたのは、 ただの壁だった。麻布界隈を走る都電7号線沿いを 歩いていた途中、ひと休みしようと腰を下ろし、ふと 目を上げると、そこに壁があった。それは夏の黴と表 面に吹きだしている硝酸塩が劇場の垂れ幕のように 波 紋 を 描 い て い る コ ン ク リ ー ト の 壁 たった。この

「舞台装置」に沿った歩道はおあつらえむきの ステージのように一段高くなっているので、通りがか りの人々はいやおうなく「劇中人物」と化し、テレビ画 面のゴーストのように二重映しになって、芝居か夢の なかの場面のように見えてくるのだった。」

« Japon : pays de toutes les nuances du bois, de la mousse, du thé amer et de ces grosses flûtes de bambou dans lesquelles on engouffre l’air par litres pour obtenir cette note basse et tremblante d’une mélancolie qui en dit long sur le pays. »

“Japan: a country of nuances, of wood, moss, bitter tea and big flutes of bamboo, where passing air results in a low and trembling note of a melancholy, which says a lot about this country.”

「 日 本 は あ ら ゆ る も の に 陰 影 の あ る 国 た 。林 、苔 、 苦い茶から、この国について雄弁に物語る、低くわびし さにふるえる音を出すために、一リットルもの息を吹 き込む、竹でできた巨大な筒笛に至るまで。」

Nicolas Bouvier, Chronique japonaise, Petite Bibliothèque Payot, 1989
Traduction en japonais par Kei Takahashi, Nihon no genzô wo motomete, Sôshisha, 1994
Traduction en anglais par A. Dickerson, The Japanese Chronicles, Elend Publishing, Ltd., 2008

Le Japon mystifiant
de Nicolas Bouvier

Yuhisai Kodokan, Kyotographie Photo Festival
Kyoto, Japon
13 avril – 6 mai 2013
Commissaire d’exposition

Scénographie de Oliver Franz
En collaboration avec le Musée de l’Élysée, Lausanne, Suisse et avec Éliane Bouvier
Projection du film « Le Mime Hijikata »
Projection du film « Le vent des mots » de Joël Calmettes et Olivier Bauer présenté par Sylvain Cardonnel avec Éliane Bouvier 
Rencontre autour de Nicolas Bouvier avec Olivier Bauer et Oliver Franz

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Nicolas Bouvier (1929-1998), voyageur suisse du 20ème siècle et auteur, était alternativement poète, photographe, iconographe, professeur et journaliste. Avant ses études d’histoire médiévale, de Sanskrit et de droit à l’Université de Genève, dès son enfance, à travers ses multiples lectures, ayant pris le goût d’aller voir ailleurs, il effectue son premier voyage en solitaire en Norvège à 17 ans. Il parcourut ensuite le monde pendant de nombreuse années à travers l’Europe centrale, l’Asie Centrale, l’Inde, le Sri Lanka, la Chine, le Japon, la Corée du Sud et l’Irlande.

Après un an et demi d’un voyage initiatique en Fiat Topolino avec son ami peintre Thierry Vernet de Genève à l’Asie Centrale, en passant par l’Europe Centrale comme raconté dans le livre culte L’Usage du monde, Nicolas Bouvier échoue seul, malade et épuisé à Ceylan. Sept longs mois où il frôle la folie, qu’il évoque dans Le Poisson-scorpion (1982). En octobre 1955, il retrouve la force de repartir et d’atteindre un autre bout du monde : il embarque sur un paquebot français des Messageries maritimes qui le mène au Japon. Sans le savoir encore, Nicolas Bouvier sera vite fasciné par les richesses de ce pays « non pas tant mystérieux que mystifiant », comme il le décrivait. Après la Suisse, le Japon fut l’endroit où il vécut le plus longtemps – presque trois ans – et qui l’inspira profondément. Il y fit trois longs séjours : d’abord de 1955 à 1956, seul dans le Tokyo (à Araki-chô) de l’après-guerre, « où la vie était encore frugale et picaresque », survivant en tant que pigiste, photographe et avec d’autres menus travaux ; ensuite de 1964 à 1966, en famille, avec sa femme Éliane et leurs deux tout jeunes fils, Thomas et Manuel, à Kyoto, notamment quelques mois au temple Daitoku-ji, puis à Tokyo (à Nakano), en tant qu’écrivain, photographe et illustrateur, pour écrire son premier Japon (1967), commandé par la maison d’édition suisse Rencontre ; enfin pendant trois mois en 1970, pour travailler au Pavillon suisse de l’Exposition Universelle à Osaka. De ces trois séjours effectués dans des conditions et des époques différentes, Nicolas Bouvier rapporta toute la matière écrite de Chronique Japonaise (1975), autre livre mythique, surtout pour les amoureux du Japon, mais aussi celle du livre Le Vide et le Plein (2004), réunissant des textes inédits tirés de ses carnets écrits au quotidien durant son second séjour.

De ces trois ans de vie au Japon, Nicolas Bouvier ramena aussi plus de dix mille photographies, en noir et blanc et en couleurs, pour beaucoup encore inédites. « Devenu photographe par désespoir et portraitiste par accident », comme il se définissait, il débute avec ses voisins de quartier et se prend vite au jeu des images à travers ses multiples pérégrinations, sillonnant l’archipel du nord au sud, découvrant avec intérêt une multitude de sujets de la culture populaire nippone : portraits en tous genres, épouvantails, série du mur, enseignes peintes, graffitis et lanternes, théâtre Nô, musiciens et saltimbanques (chindon), butoh, sumo, arts martiaux, religion, magie et divination, architecture, ikebana. « L’Extrême-Orient offre un terrain très favorable aux photographes débutants. Non seulement par la var- iété et la beauté des attitudes et des types, mais aussi à cause d’une certaine indulgence ou d’une certaine résignation devant la caméra. Dans l’Asie bouddhique, on n’attache pas trop d’importance à sa propre personne et l’on fait volontiers cadeau de son image au quémandeur étranger », expliquait-il.

Le style photographique comme littéraire de Nicolas Bouvier, allant toujours au devant des autres et du monde, c’est la qualité de son regard toujours libre, c’est aussi cet art unique de saisir sur le vif avec pré- cision et pertinence, comme dans un carnet de notes, des fragments d’éternité au détour d’une simple scène de la vie, c’est bien sûr ce sens de l’humour inimitable. En 1997, un an avant sa disparition, Nicolas Bouvier s’est rendu une dernière fois au Japon avec sa femme, invités à réaliser plusieurs conférences dans diverses villes du pays. « Sa poésie, encore plus que sa prose, est un raccourci de tellement de choses, comme une photo instantanée, très influencée par les haïkus japonais, où je retrouve le mieux l’ambiance de ses voyages », nous confie sa femme Éliane. « Sur les bornes de la rivière, il est écrit que la vie est fumée, j’en ferai ma fumée à moi, allongé au frais dans ce cimetière, entre Ayabé et Miyama, j’ai oublié dix caractères chinois ».

© Elian Bouvier et Musée de l’Elysée, Lausanne – Fonds Nicolas Bouvier  tous droits réservés mentions légales
© Christine Cibert  tous droits réservés mentions légales