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Nii Obodai

Paradoxe of Paradise

CCFM – Centre Culturel Franco-Mozambicain
Maputo, Mozambique
5 décembre 2017 – 1er mars 2018
Commissaire d’exposition

Vernissage et performance de danse et musique par Osvaldo et Danito
Workshop pour les enfants et visites guidées pour des écoles mozambicaines et étrangères
Exposition en version réduite invitée à Maputo à l’espace DEAL, à une soirée japonaise du Club d’Affaires Franco-Mozambicain au CCFM et à une soirée du Club d’Affaires Franco-Mozambicain à l’hôtel Cardoso

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BIOGRAPHIE

Francis Nii Obodai Provençal est un photographe indépendant basé à Accra au Ghana et à Maputo au Mozambique. Sa photographie étudie les aspects des relations complexes au sein de la culture urbaine et rurale, en enregistrant la réalité dynamique de notre spiritualité et de notre environnement, en racontant des histoires sur les personnes avec lesquelles il est en contact.

Il a notamment déjà exposé à Addis Abeba Festival (Éthiopie), au Solomon R. Guggenheim Museum (États-Unis), aux Rencontres de Bamako (Mali), à l’Alliance Française d’Accra (Ghana), au Victoria and Albert Museum (Royaume- Uni) et au Musée Moesegaard (Danemark).

Nii Obodai est membre fondateur de “Beyond Collective”. Il a également créé “Nuku Studio” qui propose un programme annuel d’ateliers visant à développer des compétences photographiques mais également des connaissances sur la créativité, la compréhension visuelle et la communication. Le “Nuku Studio” propose aussi des résidences et des services de soutien à la gestion de projets photographiques.

En tête-à-tête avec Nii Obodai

Christine Cibert (CC) : Bonjour Nii Obodai, comment allez-vous et d’où venez- vous ?
Nii Obodai (NO) : Je vais bien, merci. J’ai grandi en Angleterre, au Nigeria et vécu la majeure partie de ma vie au Ghana. Depuis quelques années, je passe plus de temps à Maputo car ma famille vit ici.

CC : Vous êtes donc photographe. Racontez-nous vos débuts.
NO : Quand j’étais enfant, nous avions à la maison des appareils photo Polaroid, Kodak et Instamatic, avec lesquels je jouais mais je ne connaissais encore rien à la photographie. Il y a environ 25 ans, un de mes amis m’a donné son vieux Ricoh, un appareil japonais, ce qui a été le déclencheur. Je suis autodidacte et j’ai eu la chance de rencontrer quelques-uns des meilleurs photographes du Ghana. Je serai toujours reconnaissant du temps et de la connaissance qu’ils ont partagés avec moi. C’était une belle période de ma vie. Pour cette raison, je continue à apprendre et j’adore être photographe.

CC : Comment êtes-vous vraiment devenu photographe ?
NO : Avant de devenir photographe, j’ai travaillé dans le commerce. Ayant grandi à l’extérieur du Ghana, j’ai dû me reconnecter avec la culture ghanéenne, ce qui fut un défi. Ma relation avec mon appareil photo a été grandissante, alors que j’aimais documenter ma communauté d’amis à Accra et voyager pour découvrir le Ghana. Tout à coup, j’ai réalisé que mon environnement social est passé du monde des affaires à celui du milieu créatif. Mes amis journalistes ont joué un rôle très important, m’encourageant à photographier la réalité quotidienne. Puis j’ai commencé à travailler pour diverses entreprises dans le milieu des médias et du commerce. J’ai aussi aidé à créer un département photo pour le journal d’une start-up et pendant toute cette période, j’ai eu accès au laboratoire, ce qui est une excellente opportunité pour mes recherches photographiques. C’est comme ça que je suis devenu peu à peu “accro” à la photo ! J’ai alors commencé à me voir comme un artiste et la photographie est devenue pour moi le moyen d’explorer et d’exprimer des notions d’identité culturelle à la fois contemporaine et traditionnelle.

CC : Quand et où avez-vous commencé à exposer?
NO : En 1997, j’ai été invité par les services d’informations de l’ambassade des Etats-Unis à Accra avec la photographe française Deborah Metsch, pour présenter une exposition qui s’intitulait Shadow and Act. C’était très excitant de produire ma première exposition, d’imprimer mes propres images. Un an après, j’ai été invité par Les Rencontres de Bamako où j’ai rencontré de très grands photographes africains. C’était une expérience extraordinaire. Cela a provoqué en moi un changement de paradigme. Pour la première fois, j’ai alors réalisé le pouvoir et l’importance de la photographie.

CC : Paradox of Paradise est le titre de votre première exposition au Mozambique, qu’est-ce qu’il signifie ?
NO : C’est un travail en cours, multidimensionnel, voué à se poursuivre sur le long terme. J’ai voyagé et photographié dans différents pays comme le Ghana et Sao Tomé-et-Principe et maintenant au Mozambique. J’attache de l’importance à ma relation avec le paysage. Ma démarche est une question et mes photographies qui en résultent ne sont pas des réponses fixes. Elles agissent comme point de départ pour plusieurs autres questions. Comment puis-je aller au-delà du banal, de l’ordinaire ? Y a-t-il une autre vérité à dire ? Maputo est une ville moderne et je cherche des endroits où je peux trouver la juxtaposition avec la nature. En milieu rural, j’utilise la narration pour encadrer l’image. Pour moi, prendre des photographies ne cesse de soulever des questions. Ce que nous voyons, qu’est-ce que c’est réellement ? Comment pouvons-nous lire le paysage ? Pouvons-nous nous laisser aller à ce que nous pensons du réel et peut-être expérimenter quelque chose de nouveau ? Qui sommes-nous en relation avec la nature et les espaces que nous habitons ?

CC : Dans cette exposition, il y a aussi une partie sur le Ghana. Pouvez-vous nous en dire plus ?
NO : J’ai une histoire et j’ai envie de la partager photographiquement, comme apporter au Mozambique certains des voyages que j’ai fait au Ghana. Utiliser mon travail passé pour donner un contexte de qui je suis et d’où je viens en tant qu’artiste me semble important.

CC : Que diriez-vous de la scène culturelle de Maputo et de ses photographes ?
NO : En 2008, je suis venu à Maputo pour la première fois pour une résidence d’artistes. Nous étions une quinzaine de photographes africains de différents pays montrant nos portfolios, ayant des sessions de travail avec différents conservateurs africains, tels que Simon Njami, John Fleetwood, Bisi Silva ou Akim Bodé. Ce fut ma première introduction au Mozambique, que j’ai vraiment apprécié. Dix ans plus tard, me voilà de retour, cette fois, avec ma famille qui habite ici. J’ai commencé à m’intéresser à la scène culturelle de Maputo, en particulier aux photographes mozambicains, comme Amilton Neves, Mario Macilau et Mauro Pinto. Le Mozambique a une culture photographique et une histoire très intéressante à découvrir. J’étudie les œuvres de Ricardo Rangel et de Kok Nam et je fais des recherches sur les autres photographes qui ont contribué à façonner la vision de l’indépendance. Le Mozambique a certainement besoin de plus de jeunes photographes pour aider à développer une pensée critique. Nous devons les faire sortir de leur quotidien et les exposer à la photographie à l’extérieur du Mozambique, pour leur montrer ce qui se passe par exemple au Ghana, au Nigeria et en Afrique du Sud. J’aimerais voir plus de collaborations avec les autres pays africains. Malheureusement aujourd’hui, il n’y a pas de véritable système de soutien public pour aider les photographes, parce que le gouvernement ne pense pas qu’il en a besoin, comme c’était le cas pendant l’indépendance, ce qui est vraiment dommage ! La photographie mozambicaine est très pertinente et le Mozambique a une riche histoire. Je suis optimiste pour l’avenir parce que l’héritage est là et les photographes que j’ai connu jusqu’à maintenant sont très déterminés et inspirants.

CC : Aujourd’hui, l’Afrique a le vent en poupe, dans l’art, la mode, le design, la photographie, etc… Qu’en pensez-vous ?
NO : Je ne crois pas. Je vois surtout qu’il y a d’un côté, le marché et la politique du pouvoir qui ont historiquement défini le continent africain, et d’un autre côté, nous sommes actuellement au début d’une ère nouvelle, motivée par l’accès à la technologie et nous assumons la responsabilité d’une vision créative autonome par rapport à notre passé. Le monde se réveille à un phénomène nouveau et imparable. Je suis optimiste pour l’avenir parce que de nombreux artistes dépassent les limites de ces deux aspects.

CC : Pour finir, qu’est-ce que cela signifie d’être un photographe africain ou simplement être africain ?
NO : Je suis photographe. Je fais des photographies. Je suis né de l’humanité.

BIOGRAPHIE

Francis Nii Obodai Provençal est un photographe indépendant basé à Accra au Ghana et à Maputo au Mozambique. Sa photographie étudie les aspects des relations complexes au sein de la culture urbaine et rurale, en enregistrant la réalité dynamique de notre spiritualité et de notre environnement, en racontant des histoires sur les personnes avec lesquelles il est en contact.

Il a notamment déjà exposé à Addis Abeba Festival (Éthiopie), au Solomon R. Guggenheim Museum (États-Unis), aux Rencontres de Bamako (Mali), à l’Alliance Française d’Accra (Ghana), au Victoria and Albert Museum (Royaume- Uni) et au Musée Moesegaard (Danemark).

Nii Obodai est membre fondateur de “Beyond Collective”. Il a également créé “Nuku Studio” qui propose un programme annuel d’ateliers visant à développer des compétences photographiques mais également des connaissances sur la créativité, la compréhension visuelle et la communication. Le “Nuku Studio” propose aussi des résidences et des services de soutien à la gestion de projets photographiques.

En tête-à-tête avec Nii Obodai

Christine Cibert (CC) : Bonjour Nii Obodai, comment allez-vous et d’où venez- vous ?
Nii Obodai (NO) : Je vais bien, merci. J’ai grandi en Angleterre, au Nigeria et vécu la majeure partie de ma vie au Ghana. Depuis quelques années, je passe plus de temps à Maputo car ma famille vit ici.

CC : Vous êtes donc photographe. Racontez-nous vos débuts.
NO : Quand j’étais enfant, nous avions à la maison des appareils photo Polaroid, Kodak et Instamatic, avec lesquels je jouais mais je ne connaissais encore rien à la photographie. Il y a environ 25 ans, un de mes amis m’a donné son vieux Ricoh, un appareil japonais, ce qui a été le déclencheur. Je suis autodidacte et j’ai eu la chance de rencontrer quelques-uns des meilleurs photographes du Ghana. Je serai toujours reconnaissant du temps et de la connaissance qu’ils ont partagés avec moi. C’était une belle période de ma vie. Pour cette raison, je continue à apprendre et j’adore être photographe.

CC : Comment êtes-vous vraiment devenu photographe ?
NO : Avant de devenir photographe, j’ai travaillé dans le commerce. Ayant grandi à l’extérieur du Ghana, j’ai dû me reconnecter avec la culture ghanéenne, ce qui fut un défi. Ma relation avec mon appareil photo a été grandissante, alors que j’aimais documenter ma communauté d’amis à Accra et voyager pour découvrir le Ghana. Tout à coup, j’ai réalisé que mon environnement social est passé du monde des affaires à celui du milieu créatif. Mes amis journalistes ont joué un rôle très important, m’encourageant à photographier la réalité quotidienne. Puis j’ai commencé à travailler pour diverses entreprises dans le milieu des médias et du commerce. J’ai aussi aidé à créer un département photo pour le journal d’une start-up et pendant toute cette période, j’ai eu accès au laboratoire, ce qui est une excellente opportunité pour mes recherches photographiques. C’est comme ça que je suis devenu peu à peu “accro” à la photo ! J’ai alors commencé à me voir comme un artiste et la photographie est devenue pour moi le moyen d’explorer et d’exprimer des notions d’identité culturelle à la fois contemporaine et traditionnelle.

CC : Quand et où avez-vous commencé à exposer?
NO : En 1997, j’ai été invité par les services d’informations de l’ambassade des Etats-Unis à Accra avec la photographe française Deborah Metsch, pour présenter une exposition qui s’intitulait Shadow and Act. C’était très excitant de produire ma première exposition, d’imprimer mes propres images. Un an après, j’ai été invité par Les Rencontres de Bamako où j’ai rencontré de très grands photographes africains. C’était une expérience extraordinaire. Cela a provoqué en moi un changement de paradigme. Pour la première fois, j’ai alors réalisé le pouvoir et l’importance de la photographie.

CC : Paradox of Paradise est le titre de votre première exposition au Mozambique, qu’est-ce qu’il signifie ?
NO : C’est un travail en cours, multidimensionnel, voué à se poursuivre sur le long terme. J’ai voyagé et photographié dans différents pays comme le Ghana et Sao Tomé-et-Principe et maintenant au Mozambique. J’attache de l’importance à ma relation avec le paysage. Ma démarche est une question et mes photographies qui en résultent ne sont pas des réponses fixes. Elles agissent comme point de départ pour plusieurs autres questions. Comment puis-je aller au-delà du banal, de l’ordinaire ? Y a-t-il une autre vérité à dire ? Maputo est une ville moderne et je cherche des endroits où je peux trouver la juxtaposition avec la nature. En milieu rural, j’utilise la narration pour encadrer l’image. Pour moi, prendre des photographies ne cesse de soulever des questions. Ce que nous voyons, qu’est-ce que c’est réellement ? Comment pouvons-nous lire le paysage ? Pouvons-nous nous laisser aller à ce que nous pensons du réel et peut-être expérimenter quelque chose de nouveau ? Qui sommes-nous en relation avec la nature et les espaces que nous habitons ?

CC : Dans cette exposition, il y a aussi une partie sur le Ghana. Pouvez-vous nous en dire plus ?
NO : J’ai une histoire et j’ai envie de la partager photographiquement, comme apporter au Mozambique certains des voyages que j’ai fait au Ghana. Utiliser mon travail passé pour donner un contexte de qui je suis et d’où je viens en tant qu’artiste me semble important.

CC : Que diriez-vous de la scène culturelle de Maputo et de ses photographes ?
NO : En 2008, je suis venu à Maputo pour la première fois pour une résidence d’artistes. Nous étions une quinzaine de photographes africains de différents pays montrant nos portfolios, ayant des sessions de travail avec différents conservateurs africains, tels que Simon Njami, John Fleetwood, Bisi Silva ou Akim Bodé. Ce fut ma première introduction au Mozambique, que j’ai vraiment apprécié. Dix ans plus tard, me voilà de retour, cette fois, avec ma famille qui habite ici. J’ai commencé à m’intéresser à la scène culturelle de Maputo, en particulier aux photographes mozambicains, comme Amilton Neves, Mario Macilau et Mauro Pinto. Le Mozambique a une culture photographique et une histoire très intéressante à découvrir. J’étudie les œuvres de Ricardo Rangel et de Kok Nam et je fais des recherches sur les autres photographes qui ont contribué à façonner la vision de l’indépendance. Le Mozambique a certainement besoin de plus de jeunes photographes pour aider à développer une pensée critique. Nous devons les faire sortir de leur quotidien et les exposer à la photographie à l’extérieur du Mozambique, pour leur montrer ce qui se passe par exemple au Ghana, au Nigeria et en Afrique du Sud. J’aimerais voir plus de collaborations avec les autres pays africains. Malheureusement aujourd’hui, il n’y a pas de véritable système de soutien public pour aider les photographes, parce que le gouvernement ne pense pas qu’il en a besoin, comme c’était le cas pendant l’indépendance, ce qui est vraiment dommage ! La photographie mozambicaine est très pertinente et le Mozambique a une riche histoire. Je suis optimiste pour l’avenir parce que l’héritage est là et les photographes que j’ai connu jusqu’à maintenant sont très déterminés et inspirants.

CC : Aujourd’hui, l’Afrique a le vent en poupe, dans l’art, la mode, le design, la photographie, etc… Qu’en pensez-vous ?
NO : Je ne crois pas. Je vois surtout qu’il y a d’un côté, le marché et la politique du pouvoir qui ont historiquement défini le continent africain, et d’un autre côté, nous sommes actuellement au début d’une ère nouvelle, motivée par l’accès à la technologie et nous assumons la responsabilité d’une vision créative autonome par rapport à notre passé. Le monde se réveille à un phénomène nouveau et imparable. Je suis optimiste pour l’avenir parce que de nombreux artistes dépassent les limites de ces deux aspects.

CC : Pour finir, qu’est-ce que cela signifie d’être un photographe africain ou simplement être africain ?
NO : Je suis photographe. Je fais des photographies. Je suis né de l’humanité.

© Nii Obodai  tous droits réservés mentions légales
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